Sagesse de la Prière sur le Prophète
Un article de Mohammedia.
«Dieu et Ses anges prient sur le Prophète. O vous qui croyez, priez vous aussi sur lui et accordez-lui un salut plénier». (Les Coalisés, V:56)
Allah et Ses anges prient pour le Prophète : la prière d’Allah est Sa Miséricorde, celle des anges est une demande de pardon, mais quand elle vient d’un croyant elle revêt la forme d’une glorification.
[modifier] Quelle est la sagesse de la prière sur le Prophète
1) Le Prophète a dit : "priez abondamment sur moi, car c'est sur moi que la première question vous sera posée dans la tombe."
En effet les anges de la tombe demanderont : "que disais-tu de cet homme (Muhammad) ?"
2) C'est un ordre divin pour nous enseigner l'adab correct, les bonnes convenances. Le Prophète n'a nullement besoin de notre prière. Mais si tu montres du respect dans l'amour à celui que Dieu Lui-même honore, les anges ne te barreront pas la route du Paradis par respect pour le Prophète et son rang éminent.
3) Il faut considérer ce que le Prophète a fait pour sa communauté quand il a dit : "Chaque Prophète avait formulé une demande qui a été exaucée. Moi, j'ai gardé la mienne pour le Jour du Jugement en faveur de mon peuple."
Ainsi cette prière, la prière sur lui, est de notre part à la fois une reconnaissance de son rang glorieux, une demande de louanges d'Allah -car nous sommes dépourvus de moyens de Le louer nous mêmes- un remerciement pour la grâce d'être de sa communauté, un aveu de notre faiblesse humaine, un désir de nous parer de ses qualités parfaites, une sollicitation de son intercession, et une présentation de nos respects les plus humbles. Le Prophète n'a en réalité aucun besoin de nos demandes de bénédictions mais nous autres, croyants fautifs, sommes dans le besoin de son intercession.
C'est pourquoi la principale bonne nouvelle qu'il a annoncée à sa communauté est qu'elle bénéficiera de son intercession du moment qu'elle a prié sur lui .
4) Cette prière renforce le croyant. L'imam Fakhrudeen Raazi (radi Allahu anhu) a déclaré que, s'il a été ordonné à l'homme de réciter la prière sur le Prophète , c'est parce que l'âme de l'homme est faible. En la récitant, il deviendra assez fort pour être en présence de la lumière divine. En la récitant, le coeur du Musulman devient absorbé dans la lumière du Prophète . C'est par cette lumière qu'il est capable d'être en présence de la lumière divine. Pour cette raison le Prophète Muhammad a déclaré que les plus proches de lui le Jour du Jugement seront ceux qui priaient abondamment sur lui". (Ma'aarijun Nubuwah)
5) La position du Prophète Mohammed le jour du Jugement fait que les salawat offertes seront une aide pour lui. Le Prophète de par son nom Muhammad (celui en qui se produit la louange) et l'éminence de sa position (la station du louangé) se présentera devant Le digne de Louanges avec l'[étendard de la louange] puis il se prosternera longuement en action de grâces avant de demander l'intercession pour son peuple.
La louange est à Dieu d'avoir honnoré les serviteurs de particper à cette louange suprème par l'appel des bénédictions sur le Prophète !
6) La Prière sur le Prophète permet donc de cumuler l'invocation, la demande de pardon et les bénédictions, tout en étant un rapprochement d'Allah. Pour synthétiser cela les saints (Awliya Allah) ont dit : "qu'est ce qui est préférable, accéder péniblement à Dieu selon ton propre niveau, qui contient certes ses possibilités, ou accéder à Sa présence selon le niveau du Prophète qui réalise la servitude parfaite et absolue et donc toutes les possibilités ?" ! Accéder à la présence divine par le Prophète est rendu possible par son intercession méritée par les prières abondantes sur lui.
C'est pourquoi le Prophète a annoncé à celui qui lui a offert la totalité de ses dévotions régulière en ne faisant que des salawat : « Tu seras ainsi libéré de toute peine et tes péchés seront pardonnés. »
[modifier] Ô Messager d’Allâh ! Quelle part dois-je te dédier ?
Ubayy ibn Ka`b (qu’Allâh l’agrée) a dit :
Après le tiers de la nuit, le Prophète avait pour habitude de se lever. A ces moments, il disait :
« Ô Peuple ! Rappelez vous d’Allâh ! Le rajifa (premier souffle dans la Trompette) est imminent ! Le radifa (second souffle dans la Trompette) [52] le suit de près ! La mort arrive. »
Ubayy (qu’Allâh l’agrée) dit : « Ô Messager d’Allâh ! Je fais habituellement de nombreuses prières (salawât) sur toi. Quelle part dois-je t’en dédier ? »
Le Prophète répondit : « Autant que tu le souhaites. »
Ubayy (qu’Allâh l’agrée) dit : « Le quart ? »
Le Prophète répondit : « Autant que tu le souhaites, mais si tu en fais davantage ce sera meilleur pour toi. »
Ubayy (qu’Allâh l’agrée) a ensuite mentionné, le tiers, la moitié, les deux tiers, la réponse du Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) étant toujours : « Autant que tu le souhaites, mais si tu en fais davantage ce sera meilleur pour toi. »
Finalement Ubayy in Ka`b (qu’Allâh l’agrée) dit : « Ô Messager d’Allâh ! Je te dédie la totalité de ma prière (c’est-à-dire : du`a). »
Sur ce le Prophète répondit : « Tu seras ainsi libéré de toute peine et tes péchés seront pardonnés. » (Dans une autre version : « Ainsi Allâh te suffira dans tes affaires de cette vie et de l’autre. ») [53]
Les Savants de l’Islam ont apporté de nombreux commentaires à cette tradition importante, parmi lesquels nous citons les suivants tirés des Fatâwa hadîthiyya du Shaykh al-Islâm Ibn Hajar al Haythamî et de l’ouvrage al-Qawl al-Badi` du Hafîdh al-Sakhawî :
- (Haythamî) : Il est compris de la formulation de ce récit que le terme salât dans l’expression « Je vais te dédier ma salât » signifie du`a (invocation)… Le sens est donc : « Il y a un temps où je fais des invocations pour moi, quelle part dois-je t’en dédier ? » Si cela est clairement établi, regardons ce qu’en dit le Shaykh al-Islâm al Hafîdh ibn Hajar [al `Asqalâni] comme le rapporte de lui son disciple al Hafîdh al Sakhawî qui a particulièrement approuvé ses propos : « Ce hadith établit un important principe de la religion qui consiste à dire pour quiconque accomplit une invocation : Ô Allâh ! Accorde à notre Maître le Messager d’Allâh la récompense de cette adoration. » [54]
- (Sakhawî) : ‘Salât’ dans ce hadith signifie ‘invocation’ (du`a) et dévotion régulière (wird), [il faut le prendre] dans le sens suivant : « Il y a un temps où je fais des invocations pour moi, quelle part dois-je te dédier ? » Le Prophète a considéré qu’il ne fallait pas imposer une limite sur ce sujet pour ne pas fermer la porte de la surabondance. Ainsi, il a continué à donner à Ubayy (qu’Allâh l’agrée) le choix tout en l’orientant vers un surplus d’invocations jusqu’à ce qu’Ubayy (qu’Allâh l’agrée) dise : « Je vais te dédier la totalité des mes prières. » Ce qui veut dire : je vais appeler la bénédiction en ta faveur plutôt que de demander quoique ce soit pour moi-même. Alors le Prophète a dit : « Ainsi tu seras libéré de tout souci. » ce qui veut dire : ne t’inquiète plus pour ta Religion ou tes besoins mondains, car invoquer la bénédiction en ma faveur inclut à la fois le rappel d’Allâh et le fait d’honorer le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) ; et le sens de cela est d’indiquer à Ubayy (qu’Allâh l’agrée) qu’il invoque en fait pour lui-même, comme le confirme les propos du Prophète rapportés de la part Son Seigneur : « Quiconque est empêché de me demander à cause de Mon rappel, Je lui accorde le meilleur de ce que J’accorde aux demandeurs. » [55] Sache donc que si la majorité de ton adoration consiste à appeler la bénédiction en faveur de ton Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam), Allâh te suffira en ce qui concerne tes affaires de cette vie et de l’autre. [56]
[ce chapitre est extrait de « Encyclopedia of Islamic Doctrines » du Shaykh Muhammad Hishâm al Kabbanî.]
[52] Ce sont les remarques de Mujahîd rapportées par al Bukhârî dans son Sahîh (Riqaq ch. 43)
[53] Rapporté par Tirmidhî (Qiyama 23 – hasan sahih), Ahmâd (5 : 136, 2 : 527), Abû Dawûd (2041), al-Hakim (sahih), et al-Bazzar selon de nombreuses chaînes. Al-Dhahabî le rapporte d’après l’un de ses shaykhs, Tahir ibn `Abd Allâh al-`Ajamî, dans Mu`jam al-shuyukh : al-muj`am al-kabîr(Ta’if : maktaba al-siddiq, 1408/1988) 1 :311 (#342)
[54] Al-Haythamî, Fatawa hadithiyya p.18
[55] Rapporté par Ibn `Umar par Tabarani avec une chaîne « acceptable » bi sanadin layyin d’après Ibn Hajar dans Fath al Bari (Beyrouth, éd. 1989, 11 :161, #6345), c’est-à-dire que les récits d’un ou plusieurs narrateurs, sont retenus mais nécessitent investigation. Cf. la definition de layyin dans Muqqadimat Ibn al-Salah (p. 239 de l’éd. Egyptienne de 1974) et Al Nawawi dans son Taqrib (p. 51 de l’éd. De Beyrouth de 1987). Cependant, Ibn Hajar le considère authentique (11 : 177, #6345). Il est aussi rapporté par Bukhârî dans son Tarikh (2 :115), Abû Nu`aym dans al-Targhîb (1337), Ibn `Abd al Barr dans al-Tamhid (6 :46), et Bayhaqî dans son Shu`ab al-imân (1 :413-414 #573-574). Aussi rapporté d’après Abû Sa`id par Tirmidhî (dernier hadith de Thawâb al Qur’ân #2926, hasan ghârib) avec la formulation « Quiconque est occupé par le Qur’an et Mon rappel… »
[56] Al-Sakhawî, al Qawl al Badi`, p. 133
Article (deuxième partie) complet en anglais
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