Humilité du Prophète
Un article de Mohammedia.
Suivant Abu Hourayra, le Prophète a dit : « Allah n’a pas envoyé un seul Prophète qui n’ait été pasteur (berger)! » Et toi ? Lui demandèrent ses compagnons. « Oui, moi aussi » répliqua t-il, « j’ai gardé les moutons des gens de la Mecque, moyennant des quirats. (Rapporté par Boukhari).
Abu Salama rapporte ceci: J’ai dit à Abu Sa’id al-Khudri : Que penses-tu de ce que les gens ont inventé en matière d’habillement, de boisson, de déplacement et de nourriture? Il m’a dit : O mon neveu, mange pour Dieu, bois pour Dieu, habille-toi pour Dieu. Toute vanité ou fierté ou duplicité ou recherche de renommée qui se mêle en quoi que ce soit de tout ceci est une désobéissance et une démesure. Attache-toi dans ta maison aux occupations habituelles de l’Envoyé de Dieu chez lui.
En effet il donnait du fourrage au bétail, liait les chameaux par les pieds, réparait la maison, faisait traire la chèvre, réparait les chaussures, raccommodait le vêtement, mangeait avec son serviteur et faisait moudre le grain lorsque celui-ci s’épuisait. Il achetait le produit au marché et la pudeur ne lui interdisait pas de le tenir dans sa main ou de l’envelopper dans son habit pour rentrer chez lui. Il tendait la main pour saluer le riche comme le pauvre, le grand comme le petit. Il commençait le premier par saluer celui qu’il croisait qu’il soit petit ou grand ou noir ou blanc, libre ou serviteur parmi les orants. Il n’avait pas un état particulier en rentrant et un autre en sortant. Il avait de la pudeur à refuser une invitation même de la part d’un homme pauvre et hirsute et il ne méprisait pas la nourriture à laquelle on le conviait même si c’était des dattes sèches de mauvaises qualités. Il ne remettait pas le déjeuner au dîner et le dîner au déjeuner. Il était facilement abordable, de caractère doux, de naturel noble ; facile à vivre, au visage ouvert, souriant sans hilarité, attristé sans renfrognement, ferme sans violence, humble sans abaissement, généreux sans démesure, miséricordieux envers chaque proche et chaque musulman, au cœur doux. Ayant tout le temps la tête baissée, il n’a jamais eu d’indigestion, car il ne mangeait pas à satiété, et il ne tendait pas la main par cupidité.
Abu Salama poursuit son récit : Je suis ensuite allé voir ‘Aïsha - que Dieu soit satisfait d’elle - et je lui ai rapporté ce qu’Abu Sa’id disait sur l’ascèse de l’Envoyé de Dieu -. Elle m’a dit ceci : Il n’a rien omis de tout cela. Il était même en deçà de ce qu’il convient de dire à ce sujet. En effet il ne t’a pas rapporté que l’Envoyé de Dieu n’a jamais mangé à sa faim et il ne s’est jamais plaint à personne. D’ailleurs l’indigence lui était plus aimable que l’aisance et la richesse. Il passait sa nuit en se pliant de faim jusqu’au matin et cela ne l’empêchait pas de jeûner sa journée. Pourtant s’il l’avait voulu, il aurait pu implorer son Seigneur et il aurait reçu les trésors de la terre, ses fruits et les mets appétissants de ses orients et de ses occidents. Aussi, il m’arrivait de pleurer par compassion pour ce qu’il endurait comme privations et je passais ma main sur son ventre en disant : Puisse mon âme te servir de rançon, si tu prenais des biens du bas monde une part qui te nourrisse et t’évite d’avoir faim! Mais il me répondait : O ‘Aïsha, mes frères parmi les Envoyés dotés d’une grande résolution (Ulu Al-’Azm) ont enduré ce qui est encore plus difficile que cela. Ils ont gardé cet état jusqu’à la fin et ils sont arrivés auprès de leur Seigneur. Et Il a honoré leur retour en les comblant de Sa récompense. Aussi, j’ai honte, si je vis dans l’aisance, de rater leur position. Car je préfère endurer quelques jours plutôt que voir décliner ma part demain dans la vie future. En effet rien ne m’est plus agréable que de rejoindre mes frères et mes amis intimes. » ‘Aïsha - que Dieu soit satisfait d’elle - ajoute ceci : Par Dieu, il n’a pas terminé ensuite sa semaine avant de rejoindre Dieu - qu’Il soit exalté et magnifié-.
C’est dire que ce qu’on a rapporté sur ses états totalise l’ensemble des caractères et des vertus des humbles. Aussi, celui qui recherche la modestie se doit de se conformer à lui. Quant à celui qui n’a pas agréé pas pour son âme ce qu’il a agréé pour lui-même, son ignorance est grande. En effet le Prophète avait dans le bas monde et dans la religion la position la plus éminente. Donc point de gloire et d’élévation si on ne se conforme pas à lui. C’est pourquoi, d’ailleurs, Omar - que Dieu soit satisfait de lui - a dit lorsqu’on lui fit des reproches à cause de la simplicité de sa tenue au moment de son arrivée en grande Syrie (Al-Sham) : Nous sommes un peuple auquel Dieu a donné la gloire grâce à l’Islam. Nous n’allons jamais rechercher la gloire en dehors de lui.
Voir aussi :
- Il réalise la Station de la Servitude
- et est un être humain comme vous