Indulgence du Prophète
Un article de Mohammedia.
Une des nobles qualités du Prophète était qu’il ne punissait jamais personne pour des raisons personnelles. Il préférait toujours accorder son pardon, même à ses plus grands ennemis. Son épouse ‘Â’ishah a rapporté que jamais le Prophète n’avait prononcé de parole obscène, ni élevé la voix dans les rues, ni rendu le mal par le mal. Il privilégiait toujours le pardon. Le Prophète n'a jamais proféré une injure ni répliqué à ceux qui l'insultaient. Il ne connaissait ni haine ni vengeance. Un jour, il confiait à Anas: Anas! Si tu peux, le matin et le soir, avoir un coeur sans haine contre personne, fais-le, Anas! Cela est de ma sunna et celui qui suit ma sunna sera avec moi au Paradis.
Hind, fils de Khadija, l'a connu de près, étant dans sa maison. Il le décrit ainsi: « Le Prophète avait bon coeur, il était doux et d'humeur agréable. Il n'aimait offenser personne. Il se montrait toujours reconnaissant pour la moindre faveur. Il acceptait de bonne grâce toute nourriture qu'on plaçait devant lui. Il ne se montrait jamais furieux pour toute offense à sa propre personne, ni ne songeait-il à se venger ou à trahir. Mais si quelqu'un s'opposait à ce qui est juste et vrai, il se sentait affligé et se mettait toujours du côté de la vérité et de la justice avec toutes ses forces. »
Le Prophète était soucieux du bonheur des autres mais indifférent envers le sien. Désintéressé, conciliant en ce qui le concerne personnellement mais ferme et intransigeant pour la cause de Dieu. On employa tous les moyens pour le dissuader, on lui proposa richesse et pouvoir pour qu'il renonce à sa mission, on lui envoya des émissaires maniant l'éloquence du verbe pour le convaincre, mais en vain, il n'a pas cédé d'un pouce. Quand son oncle Abu Talib, influencé par les harcèlements de Quraïsh au sujet de son neveu , voulait faire pression sur lui, le prophète lui répliqua: " Mon oncle! Par Allah! S'ils plaçaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour que j'abandonne cette voie. Je ne le ferais pas jusqu'à ce que Dieu veuille m'accorder la victoire ou j'y laisse ma vie." Cette réponse témoigne de sa ferveur, de sa sincérité et de son dévouement pour la cause de Dieu. Mais cette fermeté et cette ferveur à l'égard de sa mission n'ont pourtant pas influé sur sa clémence et sa mansuétude. Au début de sa mission, il était l'objet de persécutions inouïes; les païens l'insultaient, l'opprimaient, lui lançaient des ordures, essayèrent de l'étrangler, semèrent des épines sur son chemin; il fut mis en quarantaine, frappé d'exclusion au point où il fut obligé de se retirer avec sa famille dans la vallée "Cha'b bani'l Muttalib" pendant trois ans dans l'isolement le plus complet et de faire face à une famine meurtrière. Il était complètement exténué, au bout de ses forces car il ne mangeait que des feuilles d'arbres pour apaiser les douleurs de la faim. Mais il n'a jamais songé à se venger. Au contraire, il priait pour ceux qui le persécutaient.
Lors de son entrée triomphale à la Mecque , monté sur sa chamelle la tête baissée en signe d'humilité, il rassura ses anciens ennemis qu'aucun mal ne les atteint. Il pardonna à ceux qui voulaient attenter à sa vie: Suraqa b.Malik, Umaïr b.Wahb, Safwan b. Umayya. Il pardonna à Abu Sufiane qui était à l'origine de tous les complots et de presque toutes les batailles contre le prophète; il pardonna à Hind, la femme d'Abu Sufian, qui avait mutilé les cadavres de musulmans lors de la bataille d'uhud, et mâché le foie de son oncle Hamza après lui avoir coupé le nez et les oreilles. Il pardonna à Ikrimah, le fils de Abu Jahal le pire ennemi du Prophète . Il pardonna à Wahshi, l'esclave abyssin mercenaire qui avait tué Hamza dans la bataille d'Uhud. Il pardonna à Habbar b. al-Aswad, qui a commis de nombreux crimes et avait attenté à la vie de sa fille Zayneb, la blessant grièvement et tuant l'enfant qu'elle portait en son sein. Il fît cette déclaration au Prophète : " Je voulais partir pour l'Iran, mais considérant ta clémence, je viens à toi, O Messager d'Allah! Les dires que tu as entendus à mon sujet sont tous vrais". Cette confession amena Mohammed à lui pardonner, oubliant tout ce qu'il avait fait même la mort de sa fille. Il pardonna à une bande de 80 guerriers qui s'apprêtaient à attaquer les musulmans avant d'être capturés juste avant la victoire de la Mecque. Bref , il pardonna à tous les Mecquois qui le persécutaient, qui le considéraient comme leur pire ennemi et qui s'acharnaient à le combattre: "Allez-vous-en, leur dit-il , vous êtes libres"
Le Prophète Muhammad pardonna également au chef de Tâ’if, qui, lorsque le Messager se rendit dans cette ville pour y prêcher l’Islam, engagea un groupe de voyoux pour lui jeter des pierres.
`Abd Allah Ibn Ubayy, le leader du groupe des hypocrites de Médine, passa toute sa vie à lutter contre le Prophète et l’Islam, et mit en œuvre toutes sortes de complots pour faire échouer sa mission. Accompagné de trois cents de ses partisans, il se retira de l’expédition de Uhud, privant ainsi l’armée musulmane d’un tiers de ses combattants. Il tenta de discréditer le Messager de Dieu en calomniant et en répandant le mensonge au sujet de son épouse, `Â’ishah - que Dieu soit satisfait d’elle. Concernant cette dernière intrigue, Dieu le Tout-puissant révéla le verset 11 de la sourate "La Lumière" : « Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d’entre vous. Ne pensez pas que c’est un mal pour vous, mais plutôt, c’est un bien pour vous. À chacun d’eux ce qu’il s’est acquis comme péché. Celui d’entre eux qui s’est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. » Le Prophète lui accorda malgré tout son pardon, accomplit la prière mortuaire lors de son décès et implora le Pardon d’Allâh en sa faveur. C’est par la suite que fut révélé le verset 84 de la sourate "Le Repentir" : « Et ne fais jamais la prière sur l’un d’entre eux qui meurt, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe, parce qu’ils n’ont pas cru en Allâh et en Son Messager, et ils sont morts tout en étant pervers. »
[modifier] quelques exemples de sa magnanimité
Lorsque le Prophète fut blessé à la bataille d'Ouhoud et que la maille de son casque s'enfonçait dans sa chair, il dit : "Seigneur, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas". C'est là le haut degré de magnanimité et de patience.
Quand Dhou elKhoweyçira lui dit : "Sois équitable, car ce partage n'est pas fait en vu d'Allah! " Il fit alors preuve de patience à son égard et lui dit : "Qui donc sera équitable si je ne le suis pas ? ". Il ne le punit pas, ni ne permit à ses compagnons de le faire.
Un bédouin le tira brutalement par son habit, en lui laissant des traces au cou et lui dit : "Charge mes deux chameaux que voici, du bien d'Allâh que tu as. Tu n'auras pas chargé alors de ton bien ou du bien de ton père !" Il fut magnanime à son égard et lui répondit uniquement : "Le bien est le bien d'Allâh et je suis son adorateur. Et il peut être demandé réparation, ô bédouin, de ce que tu m'as fait". "Non, (il n'en sera rien)" dit l'homme". "Pourquoi", reprit le Prophète "Parce que tu ne rends pas le mal par le mal" répondit-il ! Le Prophète rit et ordonna de lui charger un chameau d'orge et l'autre de dattes.
Zeyd ben Sa'na, un savant juif de Médine vint au Prophète exiger sa créance. Il lui tira l'habit de son épaule, le prit au col brutalement et lui dit avec dureté : "Vous, les Beni 'AbdelMottalib, vous atermoyez vos dettes !" 'Omar (رضي الله عنه) alors, le réprimanda et durcit le ton. Le Prophète sourit et lui dit : "Moi et lui, nous avions plus besoin d'autre chose de ta part, ô 'Omar : que tu me recommandes de bien régler ma dette, et que tu lui recommandes de réclamer son dû de bonne façon". Puis il ajouta : "Il reste (en fait) au terme (de la dette) trois (jours)". Et il ordonna à 'Omar de le payer et de lui donner en plus vingt mesures " çâ ", pour l'avoir effrayé. Ce fut la cause de l'entrée à l'islam de cet homme qui disait : "Il ne manquait aucun signe parmi les signes de la prophétie de Mohamed , que je ne reconnus, sauf deux : sa magnanimité prime sa colère et le surplus d'emportement aveugle ne fait qu'ajouter à sa magnanimité. Ainsi, je l'éprouvai avec cette histoire "de dette"". Et il le trouva alors, tel que décrit (dans les anciens livres).
[modifier] les fruits de son indulgence
Le Prophète était entièrement enclin à la clémence. Aucun crime commis au détriment de sa personne n’était trop grave pour être pardonné. Il était le parfait exemple en matière d’indulgence et de gentillesse.
Il répondait toujours au mal par le bien, car pour lui l’antidote était préférable au poison. Il appliquait et adhérait au principe qui consiste à répondre à la haine par l’amour et à l’agressivité par la clémence. Ainsi parvint-il à surmonter, d’une part, l’ignorance des gens grâce à la sagesse de l’Islam, et d’autre part, leur malveillance et leur sottise grâce à sa bonté et à son indulgence. Sa miséricorde lui permit de libérer les hommes de l’emprise du péché et du crime, et de faire naître en eux un fort sentiment de bienveillance à l’égard de l’Islam. Il incarnait de façon parfaite le verset suivant du Coran : « La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse le mal par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. » [41:34]
Sources :