Le Prophète avec les handicapés
Un article de Mohammedia.
[modifier] Le vrai handicap selon l'islam
Selon le Coran, l’homme a été créé dans les meilleures dispositions : « Nous avons créé l’homme dans la plus harmonieuse des formes ». (Coran, 95:4).
Cela dans le seul but d’adorer Dieu : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent » et « qui a créé la mort et la vie afin de vous mettre à l’épreuve pour voir qui d’entre vous fera meilleures œuvres ». (Coran 51:56 et 67:2).
Dans un Hadith du prophète Mohammed , on peut lire : « Dieu ne regarde pas vos visages mais vos cœurs » et « vous êtes tous [les fils] d’Adam et Adam est de terre, le meilleur d’entre vous est celui qui craint le plus Dieu ». Il est nécessaire de préciser la place de l’Homme dans l’univers selon l’Islam. Il est important de rappeler que l’Homme a été créé dans les meilleures dispositions pour remplir sa mission sur terre. Le handicap ne diminue en rien la valeur humaine devant Dieu, les critères d’élections ne sont pas les aspects physiques mais bien sur la pureté de l’âme et du coeur.
Le mot « aveugle » et ses dérivés sont répétés dans le Coran 33 fois. Il l’oppose, en métaphore, au mot « voyant » pour faire comprendre aux hommes la différence entre la foi en Dieu et sa négation. Celui qui croit en Dieu est guidé par Sa lumière, tout comme le voyant se dirige dans la lumière du jour, alors que celui qui nie Dieu se trouve dans les ténèbres tout comme l’aveugle qui ne peut voir ni se mouvoir qu’avec peine et risques pour lui : « Ils se sont imaginés qu’ils ne seraient jamais éprouvés ; ainsi ont-ils fermés les yeux et se sont-ils bouché les oreilles [sur leur égarement]. Dieu a ensuite accepté leur repentir, puis ils sont devenus de nouveau sourds et aveugles et Dieu voit parfaitement ce qu’ils font » (5: )« Dis-leur : je ne prétends pas devant vous posséder les trésors de Dieu, je ne connais pas ce qui nous est celé et je ne prétends pas davantage à être un ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est inspiré. Dis-leur : l’aveugle et celui qui voit en sont-ils au même point ? y avez-vous réfléchi ? » (6:50) « Il en est d’autres qui te regardent [avec attention] : es-tu en mesure de guider les aveugles alors même qu’ils ne voient rien ». (10:43)
Si nous nous tenons à ces citations, nous pourrions donner l’impression que le Coran méprise les aveugles et les non-voyants. En fait, il n’en est rien. La cécité dont parle le Coran est celle du Cœur : « Ce ne sont pas les regards qui sont atteints de cécité, mais les cœurs enserrés dans les poitrines » (1). Dans le verset 43 de la Sourate 10, les personnes qui y sont dénoncées « regardent avec attention » l’envoyé de Dieu , mais ce n’est pas pour autant qu’ils voient la vérité. La cécité dont il est question ici est celle de l’œil du cœur.
[modifier] Le respect des handicapés et de leur statut
Le prophète Mohammed a transformé les mœurs de son époque en instaurant l’égalité des personnes handicapées aux personnes dites « normales » devant Dieu et devant la loi. Les peuples arabes d’avant l’Islam considéraient les handicapés comme des personnes encombrantes et inutiles.
Le Prophète a dit - selon Boukhari : « Tout musulman atteint par un méfait, ne serait-ce qu’une piqûre d’épine ou plus, ses fautes lui seront pardonnées et ses pêchés tomberont [du fait de ce qu’il aura subi] comme tombent les feuilles des arbres ». Le Coran a exempté les personnes handicapées des devoirs qu’ils ne peuvent assumer, sans pour autant les diminuer ou les blâmer : « l’aveugle, le boiteux et le malade n’encourent aucun blâme [à ne pas se rendre à la Guerre] » (2). La règle générale est donc l'exemption.
Le Prophète a donné lui-même l’exemple du respect pour les handicapés et à maintes reprises. Il avait, pour ne prendre qu’un exemple, deux Mouezzins (personnes qui faisaient les cinq appels à la prière) le plus connu était Bilal, un ancien esclave noir abyssinien et le non moins connu Ibn Um Maktoum, aveugle de son état.
[modifier] l'éducation du Prophète par Allah à ce sujet
Ourwa a rapporté : La sourate Abassa (N°80) a été révélée au sujet de Abdallah Ibn Oum Maktoum. Il est venu trouver l'Envoyé d'Allah en lui disant: «Ô Mohammed! fais-moi asseoir à côté de toi», alors qu'était présent chez le Prophète un des notables des polythéistes". Le Prophète se détourna de lui en accueillant l'autre avec amabilité et il lui dit: «Ô, le père de tel! Trouves-tu du mal, dans ce que je viens de te dire"? L'autre lui répondit: «Non, je jure par ce qu'on a sacrifié (pour les idoles), je n'y trouve aucun mal». A ce moment, il reçut cette révélation: «il s'est renfrogné et il s'est détourné parce que l'aveugle est venu à lui» (Coran 80:1,2).
Le Prophète avait en effet eu dans les débuts de sa mission plus d'empressement pour gagner à sa cause les notables qui n'en avaient que faire, que de répondre à un aveugle sincère venu à lui au même moment. Cet aveugle était déjà converti, mais le Prophète trouvait le moment inopportun pour le solliciter et il le lui fit comprendre en se renfrognant, d'où le nom et le début de la sourate : "il s'est renfrogné". Allah a voulu montrer que pour Lui, la requête d'une personne sincère, fut-elle handicapée et même d'autant plus si elle est handicapée, avait plus d'importance que les négociations avec les dénégateurs. Qu'en serait-il si cet aveugle repartait le coeur brisé d'avoir été négligé et qu'il eut mis cela sur le compte de son handicap (ce qui n'était évidemment pas le cas). Allah enseigne que la plus grande délicatesse est à observer avec les handicapés vu le dénigrement d'eux-mêmes qu'ils s'infligent en général suite à leur handicap.
Par la suite, après ces réprimandes, la tradition rapporte que le Prophète prit soin de toujours apporter beaucoup de consideration à l'aveugle Ibn Um Maktoum, et en général, à tous les handicapés.
[modifier] L'attachement du Prophète à les soigner ou invoquer Dieu en leur faveur
D'une manière générale, le Prophète encourageait les handicapés à la patience et leur indiquait que leur souffrance était la source d'une grande récompense s'ils se montraient patients.
Mais il arrivait que la situation était trop lourde à porter pour certains, et dans ces cas, il intervenait par des invocations ou des soins.
Le compagnon ‘Outhman Ben Hounayf rapporte : "J'étais témoin chez le Messager d’Allah , lorsqu'un aveugle est venu se plaindre à lui de la perte de sa vue. Le Messager lui a dit : "Si tu veux, tu persévères (tu sois patient) et si tu veux, j'invoquerai en ta faveur." Alors l'aveugle dit : "O messager d’Allah, ma cécité est difficile et je n'ai personne pour me guider."
Le Prophète lui demanda alors de bien faire les ablutions, ensuite de faire deux Rak’ates et de prier à la fin avec cette invocation : « O mon Dieu ! Je te prie et m’oriente vers toi par ton prophète , le prophète de la miséricorde. O Muhammad ! Je m’oriente par toi à Allah pour qu’il exauce mon vœux. Mon Dieu fait qu’il intercède en ma faveur ». Ben Hounayf dit alors : « Par Allah, nous n'étions pas encore séparés et nous n'avons pas attendu longtemps avant que l'homme revienne auprès de nous et il avait retrouvé la vue comme s'il n'avait jamais subi un mal auparavant.
Cet épisode est d'ailleurs un important enseignement sur la possibilité de demander à Allah par l'entremise du Prophète .
On rapporte aussi que l'un de ses compagnons perdit un œil qui tomba à terre. Le Prophète le remit à sa place et ce fut l'œil le plus sain et le plus beau.
Un autre, parmi ses compagnons fut blessé à la jambe. Il passa la main sur la blessure qui cicatrisa immédiatement»
[modifier] Comment il les accueillit et leur prodigua l'enseignement
[modifier] Ne pas céder toujours à la tentation de l'exemption
D'une manière générale, les handicapés avaient des dérogations ou exemptions pour les oeuvres pénibles et pouvant s'avérer dangereuses.
Cependant, à force d'exemptions, ils risquaient de ne plus participer à rien de la vie sociale islamique et il était nécessaire d'établir des critères établissant les limites et les conditions des dérogations.
A tire d'exemple, Abû Hurayrah rapporte qu’un aveugle dit au Prophète : « “Ô Messager d’Allâh, je n’ai personne pour me guider vers la mosquée.” Il demanda au Prophète la permission de prier chez lui, permission qu’il lui accorda. Lorsqu’il était sur le point de partir, le Prophète demanda : “Entends-tu l’appel à la prière ?” — “Oui”, répondit l’aveugle. Le Prophète lui dit alors : “Alors réponds (à l’appel en venant à la mosquée) !” » Mouslim
Ainsi, il ne sera pas privé du bénéfice de la prière en commun et de la sociabilité que cette prière représente. En fréquentant les musulmans pour la prière, il ne restera pas isolé et ne sera pas oublié. Le bénéfice est donc plus grand.
L'un des plus grands collecteurs de hadith, Al Hakim at Tirmidhi était lui-même aveugle, et il a parcouru la terre à la recherche de rapporteurs fiables de hadith.
[modifier] Il les rassura aussi que leur handicap ne les poursuivrait pas dans l'au delà.
Il est rapporté qu'un Compagnon, en l'occurrence Amrou Ibnoul Djamoûh (radhia Allâhou anhou), qui présentait un handicap au niveau des jambes (ce qui le faisait boiter) vint rencontrer le Prophète Mohammed avant la bataille de Ouhoud et lui demanda (en ce sens) que, si jamais il prenait part à la bataille et luttait dans la voie d'Allah jusqu'à la mort, est-ce qu'en récompense, il accèderait au Paradis, où il pourrait marcher normalement, guéri de son handicap…
Le Prophète lui répondit par l'affirmative.
Au cours de la bataille, ce Compagnon fut tué… Lorsque le Prophète passa auprès de son corps, il s'adressa à lui et dit: "Je te vois en train de marcher au paradis avec ta jambe (qui est redevenue) valide…" Le Prophète ordonna alors qu'il soit enterré avec un autre Compagnon qui lui était apparenté et qui était aussi son grand ami, Abdoullah Ibn Amr (radhia Allâhou anhou), dans une même tombe…
[modifier] Il insitua une part de la Zakat pour soutenir leurs familles
Une part de la Zakat est allouée à ceux qui sont dans l'incapacité de subvenir aux besoins de leurs famille à cause de leur handicap.
[modifier] Il leur donne un plein accès à des responsabilités
Le Prophète ne s'est jamais laissé allé à la facilité de l'assistanat qui revient à exclure et déresponsabiliser l'autre. Il a considéré les handicapés comme des personnes normales, capables d'assumer les plus hautes responsabilités, et il est le seul chef d'état de toute l'histoire à avoir laissé le commandement de son état en son absence (pour des raisons militaires) à un aveugle. Il est en effet authentifié qu'il laissa le commandement de la cité-état de Médine à Ibn Um Maktoum, l'aveugle, pendant la bataille décisive de Badr.