Le Prophète avec les pauvres
Un article de Mohammedia.
Le Prophète a dit : "J'ai vu le Paradis, il était plein des pauvres de ce monde".
[modifier] Le Prophète partageait la condition des pauvres
A son retour de Taïf, blessé et en peine, Allah lui proposa de lui changer les deux montagnes (de la Mecque) en or et en argent. Il dit alors : "Mon Seigneur. Je me rassasie un jour et T'en remercie, et je supporte la faim un autre et T'invoque et Te supplie".
Son invocation souvent répétée : "Seigneur, Fais que la subsistance de la famille de Mohammed soit ce qui suffit".
Le Prophète disait : "O Dieu, fais-moi vivre pauvre, fais-moi mourir pauvre, et ressuscite-moi le jour du jugement dans le groupe des pauvres" (at-Tirmidhî)
[modifier] L'ordre d'une bienveillance exceptionnelle
«Montre-toi modeste et bienveillant avec les Croyants!» [15:88]
«L'orphelin, quant à lui, ne l'opprime pas! Quant au mendiant, ne le repousse pas !» [93:9-10]
Un jour, des gens de haut statut social trouvèrent le Messager de Dieu avec les pauvres et les faibles de leur société. Il y avait avec lui Bilal, Suhayb, Ammar et Ibn Masoud (que Dieu soit satisfait d’eux).
Abu Jahl leur dit « O Muhammad si tu veux qu’on prenne part à l’assemblée, tu dois d’abord demander à ces esclaves de quitter. » Puis les versets suivants furent révélés :
"Et ne repousse pas ceux qui matin et soir, implorent leur Seigneur, cherchant Sa Face. Leur demander compte ne t’incombe en rien, et te demander compte ne leur incombe en rien. En les repoussant donc, tu serais du nombre des injustes." [6:52] (Rapporté par Moslem d'apreès Sa'd Ibn Abi Waqqas)
[modifier] La modestie du Prophète
Le Prophète fréquentait les pauvres. Abd Allâh Ibn Abî Awfâ rapporte que l’Envoyé de Dieu ne dédaignait jamais d’accompagner un esclave ou une veuve pour lui rendre un service. Il s'asseyait volontiers avec eux. Anas rapporte que le Prophète acceptait toute invitation, même si on lui proposait seulement en guise de repas du pain et de la soupe dont le goût avait changé. Il rapporte également que le Messager de Dieu disait : « Je suis le Serviteur de Dieu. Je mange donc comme un serviteur et je m’assieds comme un serviteur. »
Lors d’un débat entre le roi romain, Heraclès, et Abu Soufyan, le premier demanda, « Qui sont ceux qui suivent Muhammad ? Est-ce la classe favorisée ou les plus démunis? » Essayant de rabaisser le Prophète , Abu Soufyan, qui n’était pas musulman à l’époque, répondit que seulement les faibles le suivaient. Le roi répliqua : « Tels sont les disciples des prophètes authentiques ».
Selon Abou Hourayra, une jeune noire (ou un jeune noir) avait pour charge de balayer la mosquée. Le Prophète remarqua un jour son absence et s'enquérit de ses nouvelles. On lui dit: «Elle (ou il) est morte (ou mort)». Il dit : «Que ne m'avez-vous annoncé sa mort ? ». (On dirait que les gens ne lui avaient pas donné grande importance). Il dit: «Montrez-moi sa tombe». On la lui montra et il pria sur elle puis dit: «Ces tombes sont pleines de ténèbres pour leurs occupants et Dieu le Très-Haut les leur illumine par ma prière sur eux». (sahih)
[modifier] Il organise leur prise en charge
Il fit fraterniser les habitants de Médine avec les émigrés de la Mecque, pauvres exilés. De cette fraternité, Anas donne le témoignage suivant : « Quand le Messager d’Allah arriva à Médine, les immigrés vinrent lui dire : « ô Messager d’Allah ! Nous n’avons jamais vu des gens qui donnent généreusement en cas d’aisance et partagent bien ce qu’ils ont en cas de pénurie, comme le font ces gens au sein desquels nous nous sommes installés ; ils nous ont pris en charge et ont partagé ce qu’ils possèdent avec nous de sorte que nous craignons qu’ils remportent toute la récompense (divine) ! » Le Prophète dit : « Non (ils ne remporteront pas tout) si vous priez Allah pour eux et leur rendez hommage » (at-Tirmidhi)
Le Prophète lui-même veillait à ce que leurs besoins soient comblés. Abu Hurayra rapporte : "Lorsque je souffrais sévèrement de la faim, j'allais trouver un compagnon du Prophète à propos d'un verset du Coran. Je restais en sa compagnie pour l'étudier et pour qu'il m'emmène chez lui et me donne à manger. Un jour, j'avais tellement faim que j'ai mis une pierre sur mon estomac. Je me suis ensuite assis en attendant le passage des compagnons.
Abou Bakr (que Dieu l'agrée) approcha : je l'interrogeais sur un verset du Coran afin qu'il m'invite, mais il ne l'a pas fait. Ensuite, 'Omar Ibn Al-Khattab (que Dieu l'agrée) passa. De même, je l'interrogeais sur un verset. Lui non plus ne m'invita pas. Enfin, le Messager de Dieu passa et se rendit compte que j'avais faim.
Il dit : " Abou Hourayra ! ".
"A ton service, répliquais-je en le suivant jusque chez lui".
Il trouva un bol de lait et interrogea sa famille sur sa provenance. "Quelqu'un te l'a envoyé", répondit-on.
"Ô Abou Hourayra, va trouver les Ahl as-Suffah et invite-les", proposa alors le Prophète . Abou Hourayra les invita et tous burent du lait.
Ces petits miracles de multiplication de nourriture pour ses compagnons exténués par la faim se répétèrent souvent.
[modifier] Il pourvoit à leurs besoins sprirituels
Les pauvres se sentaient parfois exclus des bienfaits spirituels que les riches pouvaient plus facilement retirer du fait de leur richesse, ainsi que le montre le récit suivant : Le Prophète dit un jour :
«tout musulman est tenu de faire l’aumône. Mais fut-il répliqué envoyé de Dieu, et celui qui ne possède rien ?
- Qu’il travaille de ses mains, il se rendra ainsi utile à lui-même et pourra faire l’aumône.
- Mais s’il ne trouve pas à s’occuper ?
- Qu’il aide le besogneux, le malheureux.
- Et s’il n’y en a pas ?
- Alors qu’il fasse le bien, qu’il s’abstienne de faire le mal et cela lui sera compté comme aumône».
[modifier] Il leur fait apprendre des métiers pour s'assumer fiancièrement
Le Prophète a dit : « Chaque fois qu’un serviteur ouvre une porte de mendicité, Dieu lui ouvre une porte de pauvreté... »
Un jour un Ansari est venu auprès du Prophète pour lui demander la charité. Le Prophète lui demanda : "N'as-tu rien chez toi ?" "Si, répondit l'homme. Nous possédons un peu de tissu qui nous sert pour nous habiller et couvrir le sol pour nous asseoir ainsi qu'un récipient pour boire". Le Prophète lui demanda de les lui présenter. Quand l'Ansari revint muni de ses effets, le Prophète les exposant, s'adressa à son entourage : "Qui voudrait les acheter?" demanda-t-il. "Je les prends pour un dirham", dit un homme. Le Prophète répéta à deux ou trois reprises : “Qui renchérit ?" "Je les achète pour deux dirhams," dit un autre. Le Prophète lui remit les effets et donna les deux dirhams à l'Ansari en lui disant : "Achète pour un dirham de nourriture que du donneras à ta famille, et une pioche avec le second dirham, ensuite du viendras me voir".
Quand l'Ansari revint avec la pioche, le Prophète l'adapta de façon à couper le bois et dit à l'homme : "va ramasser du bois, vends le et reviens me voir dans quinze jours". L'Ansari exécuta cette recommandation et revint après le délai imparti retrouver le Prophète . La vente de bois lui a permis un gain de dix dirhams dont une partie a été consacrée à l'achat de tissu et l'autre pour des denrées alimentaires. Le Prophète lui dit alors : "Cela vaut mieux que de solliciter la charité qui deviendra une cicatrice révélatrice sur ton visage le jour de la résurrection."
Selon Abou Hourayra, il a dit : "Que l'un d'entre vous porte un fagot de bois sur son dos [et fasse ceci comme travail] vaut mieux pour lui que de demander la charité à quelqu'un, que celui-ci la lui fasse ou non" (al-Bukhârî,Muslim)
Il a dit aussi : "Nul ne consomme de meilleure nourriture autant que celui qui se nourrit du labeur de ses propres mains. Le Prophète David assurait sa subsistance grâce au produit de son travail manuel".
Un hadith rapporte que le Prophète serra la main de Sa'ad ibn Mu'adh (Qu'Allah l'agrée) et la trouva rugueuse. Quand le Prophète lui en demanda la raison, Sa'ad dit : "Je creuse avec la pelle pour entretenir ma famille ». Le Prophète embrassa sa main et dit : « (ce sont) deux mains que le Suprême aime » Le Prophète ajouta : "Personne ne mangera jamais une nourriture meilleure que celle issue du travail de ses mains." Une histoire similaire s'est produite avec Abdallah Ibn Mas'oud (qu'Allah l'agrée).
[modifier] Il les incite à être patients
- "Sois heureux de ce que Dieu t'a accordé, tu seras le plus riche des hommes" (at-Tirmidhî)
- "Lorsque l'un d'entre vous voit celui qui a été privilégié par rapport à lui sur le plan matériel ou physique, qu'il regarde celui qui a été moins privilégié que lui-même" (al-Bukhârî, Muslim)
- "Le cas du croyant est étonnant : tout est bien pour lui. Si un bien le touche, il remercie Dieu et c'est donc un bien pour lui. Et si un mal l'atteint, il fait preuve de patience et c'est donc un bien pour lui" (Muslim). " Personne n'a reçu de don meilleur et plus vaste que la patience" (Muslim).
- "La richesse ne dépend pas de la quantité de biens. La richesse est que l'âme soit heureuse de ce qu'elle possède" (al-Bukhârî)
[modifier] L'éducation des compagnons concernant les pauvres
[modifier] Ne pas mal les juger
Sahl Ibn Sa'd Asâ'idi a dit: «Quelqu'un passa devant le Prophète qui dit à un homme assis près de lui: «Que penses-tu de cet homme?» L'autre dit: «C'est quelqu'un de la classe noble. Par Dieu, il mérite qu'on lui donne la main de toute femme qu'il demande en mariage et qu'on accepte son intercession». Le Messager de Dieu ne dit rien. Puis vint à passer quelqu'un d'autre. Le Prophète dit à son compagnon: «Que penses-tu de celui-ci?» Il dit: «O Messager de Dieu! Voilà quelqu'un appartenant aux pauvres des Musulmans. Il mérite qu'on lui refuse la main de celle qu'il demande en mariage, qu'on n'accepte pas son intercession et, s'il parle, qu'on n'écoute pas ce qu'il dit». Le Prophète dit alors: «Cet homme est meilleur que tout le contenant de la terre de cet autre». (sahih)
[modifier] Ne pas mal juger non plus ceux qui travaillent
Un homme affairé passa un jour devant le Prophète, certains ont dit que ce serait mieux pour lui s’il peinait dans la voie de Dieu. Le Prophète leur répondit : « S’il travaille pour nourrir ses enfants en bas âge, ou pour nourrir ses ascendants âgés, ou pour se prémunir contre le besoin, il est dans la voie de Dieu, s’il est sorti pour se montrer ou se vanter, il est alors dans la voie de Satan ».
[modifier] Leur donner l'aumône
Le Prophète était d'une générosité exemplaire. Il incitait ses compagnons et ses épouses à faire l'aumône.
Une des épouses du Prophète , Zaynab Bint Jahsh, exerçait un travail manuel : elle tannait et décorait des peaux qu'elle vendait et en offrait le bénéfice aux pauvres. Aïcha est connue pour avoir donné les milliers de dirhams qu'elle venait de recevoir, en aumône sans même avoir gardé une datte pour rompre son jeûne.
Quant aux compagnons, leur générosité et sacrifice a été loué dans le Coran.
[modifier] Leur donner le meilleur
«Vous n’atteindrez la piété, dit le Prophète , qu’autant que vous dépenserez en aumône ce à quoi vous tenez le plus»
Al-Bara ibn Azib a dit : « Le verset : « Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense..» [2:267] fut révélé à cause de nous, la communauté des Ansar : Nous avions des dattiers et les gens en offraient en aumône selon les quantités dont ils disposaient. L’un (de nous) apportait une grappe ou deux et les accrochait à la mosquée et les gens du Suffa – la version d’Ibn Madja dit : les immigrés pauvres - qui n’avaient rien à manger, venaient, quand ils avaient faim frapper les grappes avec un bâton et mangeaient les dattes qui en tombaient. Des gens qui ne désiraient pas le bien apportaient des grappes qui contenaient des fragments de déchets de dattes et les accrochaient (à la mosquée). C’est pourquoi Allah, le Très Haut et Béni a dit : « Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense» [2 : 267]. Il a dit : « Si l’on offrait à l’un de vous quelque chose pareil à ce qu’il a apporté, il ne l’accepterait qu’en fermant les yeux ou par timidité ». Dès lors, dit al-Baraa, nous avons commencé à apporter de bonnes dattes.» (at-Tirmidhi, Ibn Madja)
[modifier] Ne pas les exclure des réjouissances
Abou Hourayra rapporte ce hadith: «Le pire des repas est celui du festin auquel on invite les riches à l'exception des pauvres».
[modifier] Soutenir priotiraiement les catégories les plus faibles
Abou ad Darda a dit : J’ai entendu le Prophète dire : «Recherchez ma bénédiction en faisant du bien à vos faibles car Dieu ne vous donne Son soutien et votre subsistance que par egard pour vos faibles » (Abou Dawud)
Le Prophète avait une attention particulière pour les deux catégories les plus faibles : la veuve et l'orphelin.
Le Prophète a dit: «Celui qui entretient par son travail la veuve et l'orphelin est comme le combattant au service de Dieu». Abu Hurayra continue : Je crois même qu'il a ajouté: «...Comme celui qui passe toute sa nuit à prier et comme celui qui jeûne toute l'année sans rupture».
[modifier] Lutter contre l'injustice
Selon Khouweyied Al Khouzà'i, le Prophète a dit: «Seigneur Dieu! Je punis sévèrement celui qui transgresse le droit de l'orphelin et de la femme». (Rapporté par An nisa'i)
Le droit des pauvres, en islam est une partie de l'argent des riches redistribué par la Zakat, l'aumône obligatoire que tout musulman possédant une richesse capitalisée sur une année doit donner (2,5%).
La Zakat est nommée "droit des pauvres" dans le Coran : "et sur leurs biens (des croyants), il y a un droit dû au mendiant et au pauvre"(Sourate 51, verset 19)
La redistribution pensée comme un droit fondamental est un des apports de l'islam à l'humanité.
Selon les Nations Unies, pour donner à toute la population du globe l'accès aux besoins de base (nourriture, eau potable,éducation santé), il suffirait de prélever, sur les 225 plus grosses fortunes du monde, moinsde 4% de la richesse cumulée. Parvenir à la satisfaction universelle des besoins sanitaires et nutritionnels ne coûterait que treize milliards de dollards, soit à peine ce que les populations des Etats Unis et de l'Union européenne dépensent, par an, en consommation de parfum... (source Le Monde Diplomatique : Novembre 1998)