Le Prophète et la Santé
Un article de Mohammedia.
Il disait notamment : "Demandez à Allah la pardon et la santé, car aucun d'entre vous n'a obtenu après la foi, une chose meilleure que la santé" [ Rapporté par An-Nassa'i et Ibn Maajah ]
Il a exprimé les grands principes mis en œuvre pour rechercher la santé, proposé une approche traditionnelle holistique (globale) et ordonné de strictes mesures préventives dont l'application scrupuleuse conduit non seulement à une bonne santé mais aussi à l'excellence de la foi.
Avec le recul, on constate qu'il a mis en place une véritable politique de santé tandis qu'il s'adressait à un peuple très rustre qui n'en avait aucune notion.
Il a montré aussi l'exemple d'un tradi-praticien qui utilise intelligemment les vertus médicinales des plantes et éléments naturels mis à sa disposition par le Créateur.
Il s'est aussi intéressé à l'état psychologique de ses compagnons et s'est attelé à les aider à atteindre le meilleur état qu'il soit sur les plans spirituel, émotionnel et physique.
Sommaire |
[modifier] Les grands principes
[modifier] La cause agissante et les moyens secondaires
Dans le Coran, le Prophète Ibrahim déclare : "Quand je suis malade, c'est Lui qui me guérit", et cette certitude est très importante pour faire de l'expérience de la maladie une expérience constructive sur le plan personnel et trans-personnel (au niveau de l'âme).
Ainsi, la maladie n'est pas une fatalité devant laquelle l'homme est impuissant et écrasé, mais elle est l'occasion d'une recherche de l'harmonie et de la paix avec Celui qui peut rétablir l'état originel parce qu'Il est la Source de toute paix et le Créateur de nos âmes. Dès lors, il est logique que dans la recherche du retour à la santé soient examinés les mécanismes qui causent les maladies et recherchés les remèdes. C'est pourquoi le Prophète a dit : « Il n’est pas une maladie que Dieu ait créée sans qu'Il n’en ait aussi créé le remède. » [Boukhari] et qu'il a exposé les principaux remèdes naturels mis à la disposition de l'homme tout en lui permettant d'en expérimenter d'autres.
Quand il a dit : « Il existe un remède pour chaque maladie et lorsque le remède est appliqué au malade, il est guéri par la permission de Dieu, le Tout-Puissant »[Boukhari], il a montré que dans l'acte de soin à la fois doit prévaloir une prise en charge du malade (pour lui appliquer les soins requis) et en même temps que tout acharnement thérapeutique serait inapproprié.
Le Prophète a donc insisté sur le fait que toute maladie est curable et qu'en définitive, si le médicament soigne, seul Dieu guérit.
De cette façon, il nous invite à rechercher les moyens de guérison sans pour autant leur confier notre espérance qui ne va qu'à Dieu seul. Le fait de chercher à se soigner participe d'un processus divin qui vise à pousser l'homme à se reconnecter avec Celui qui est l'origine de son existence.
Il n'y a pas dans l'islam de vision de la souffrance comme châtiment auquel il faudrait se résigner, bien au contraire la maladie apparait comme un rappel (certes douloureux) de l'Existence du Créateur pour pousser l'homme à œuvrer à son salut et à éviter tout ce qui pourrait le lui faire perdre. La maladie est vue comme une purification quand l'homme n'a pas su prendre les mesures adéquates pour assurer son salut dans l'au delà. « Chaque fois qu’un musulman est affligé de maladie ou d’une épreuve, Dieu lui efface une partie de ses péchés, qui deviennent comme les feuilles qui tombent d’un arbre. » [Boukhari, Mouslim]. Elle est vue aussi comme un signe d'amour du Créateur dans la mesure ou le Prophète a dit : "Quand Dieu aime une personne, Il l'éprouve." Dans cette épreuve la patience est donc fortement recommandée et la recherche du remède et de la cure la rend plus supportable.
Ainsi le malade musulman cherchera non seulement à guérir sur un plan physique en utilisant les remèdes adéquats, mais il cherchera aussi la santé spirituelle en réfléchissant à tout ce qu'il a fait pour s'éloigner du Créateur et en répondant avec amour et patience à Son appel attentionné pour le ramener à Lui.
[modifier] L'approche holistique
- le cœur spirituel de l'homme est au centre de son état général. Le Prophète a enseigné l'approche holistique de la santé, en effet, il a recommandé comme premier acte d'une bonne santé d'avoir la foi et de prendre soin de son cœur spirituel quand il a dit :
"En vérité, il y a dans le corps humain un morceau de chair qui, en bon état, permet au corps tout entier de prospérer et qui, en mauvais état, le corrompt en entier, c'est le cœur".
L'Imam An-nawawi a dit : " La santé du coeur s'obtient en s'immunisant des maladies intérieures tels que la rancune, la haine, l'envie, l'avarice, la ladrerie, l'orgueil, la raillerie, la duplicité, la recherche de la renommée, la ruse, la convoitise, l'avidité"
Ibn Rajab a dit : " Le cœur bien portant est celui qui se libère des fléaux et des choses détestables. C'est le cœur dans lequel il n'y a que l'amour et la crainte d'Allah, ainsi que l'appréhension de ce qui éloigne de lui."
La santé du corps s'obtient donc par la santé du cœur qui n'est rien d'autre que la purification spirituelle de celui-ci.
- les moyens quotidiens pour mettre en pratique cette approche holistique résident dans le fait d'invoquer le nom d'Allah sur tout ce qui est ingéré ou accompli et d'exprimer Ses Louanges pour tout ce qui est reçu. Ainsi les bénédictions s'accomplissent et empêchent les maladies spirituelles, psychiques et physiques de s'installer.
Le Prophète de l'Islam disait : « Louanges à Dieu; ce que nous venons de manger ne nous suffira pas pour le reste de notre vie et le repas que nous venons de prendre n’est pas tel que nous n’en prendrons pas un autre après lui. Ô Seigneur, nous ne pouvons nous passer de Ta grâce ni nous en détacher. » Sahih Al-Boukhari
Il disait aussi, , parfois : « Ô Dieu, bénis notre nourriture et nourris-nous toujours avec de meilleurs aliments. » At Tirmidhi
- Un autre moyen spirituel très important pour préserver la santé est la charité (l'aumône). En effet il a cité les aumones comme moyen d'éloigner les maladies. Le Prophète pratiquait l'aumône au point qu'on disait de lui qu'il était le plus généreux de hommes.
Il nous a montré que cette aumône devait être quotidienne, secrète, dénuée de toute ostentation et de tout rappel, et qu'elle était une source de bénédictions et de protection pour son auteur.
- Le petit enfant est placé sous la protection de Dieu dès sa naissance.
Des rites destinés à protéger le croyant prennent place à l'aube de sa vie : ainsi l'attestation de foi répétée à l'oreille du nouveau-né le protège de l'épilepsie tandis que le sacrifice et l'offrande accomplis en son honneur et la fête donnée pour lui attirent la protection divine et la bienveillance sociale.[modifier] La prévention
Le Prophète a agi en connaisseur moderne des causes d'une mauvaise santé.
- l'allaitement maternel naturel et l'enfance saine.
Il est maintenant admis que les enfants nourris au sein développent moins de maladies lors de leur croissance ultérieure que ceux nourris au biberon. Et pour cause, le sein produit exactement ce qu'il faut à l'enfant comme anticorps et autres protections, selon un signal biochimique reçu par la maman sur les besoins du bébé.
Le Prophète a conseillé l'allaitement maternel prolongé (entre un an et deux ans) afin d'optimiser la transmission des anticorps maternels produits par le lait au nourrisson.
Il a conseillé aux parents d'entourer les enfants de la plus grande affection et du plus grand respect tout en les responsabilisant progressivement et on sait aujourd'hui que la satisfaction des besoins vitaux psychiques, émotionnels et aussi physiologiques des enfants est le gage d'une bonne santé dans la vie adulte.
- l'hygiène
Le Prophète a dit : « Dieu déteste le tumulte et la malpropreté »
- L'hygiène du corps est très importante et est réalisée à travers l'habitude d'au moins un lavage complet du corps par semaine (sunna) et du lavage pluri-quotidien pour les ablutions des parties les plus exposées du corps (obligatoire pour accomplir les prières).
- L'hygiène des mains est recommandée au réveil, après les besoins, avant et après les repas.
- L'hygiène intime est prise très au sérieux avec : -la circoncison dont on sait aujourd'hui qu'elle protège des inflammations, des infections, des MST, du cancer du pénis et du col de l'utérus, - la toilette intime à l'eau voire au savon après chaque rapport sexuel et même après chaque passage pour faire ses besoins. A défaut d'eau, l'essuyage avec des matières sèches naturelles permet au croyant de se débarrasser des impuretés. - Enfin l'interdiction des rapports sexuels pendant les règles.
- L'hygiène de la bouche et des dents est très importante. On sait aujourd'hui qu'une mauvaise hygiène buccale induit de nombreuses maladies et des désordres digestifs. Le Prophète a dit : « Utilisez le siwak, car il purifie la bouche et cela plaît à Dieu ». Il a également dit : « Si je n’avais craint de trop en imposer à ma Oummah (nation), je lui aurais recommandé d’utiliser le siwak avant chaque prière. » [Al-Boukhari, Mouslim]
- L'hygiène publique : le Prophète a interdit d'uriner dans les eaux stagnantes, les lieux de passage et sous les arbres fruitiers; il a ordonné des mesures de quarantaine en cas d'épidémie.
Il a dit : « Evitez de commettre les trois grands péchés dont l’auteur est maudit, à savoir, faire ses besoins auprès des points d’eau, dans les chemins et dans les endroits ombragés » (At-Tirmidhî)
Il a dit : « Si vous entendez dire qu’une contrée est contaminée par la peste, n’y allez pas; et si la peste se propage dans un endroit alors que vous vous y trouvez, n’en sortez pas. »[Boukhari, Mouslim] Il a également recommandé aux personnes malades de s’abstenir de rendre visite aux personnes en bonne santé.[Mouslim]
Le Prophète a enseigné aux croyants de couvrir leur visage lorsqu’ils éternuent [Mustadrak Haakim] de façon à ne pas propager de bactéries et de virus dans l’air.
Le Prophète a ordonné que les personnes décédées soient inhumées rapidement afin, entre autres, que la putréfaction des corps ne soit pas une cause de propagation des maladies.
- l'interdiction de ce qui peut nuire au corps, tels que les alcools et drogues, la viande de la bête morte de maladie, d'étouffement, ou encore assommée, la viande issue des bêtes élevées sur des souillures, et d'une manière générale est rendu illicite tout ce qui nuit au corps et à la vie.
- l'interdiction de ce qui est entaché de malédiction, comme ce qui a été acheté avec de l'argent obtenu illicitement, ce qui a été volé ou spoilé, ce qui est entaché de sorcellerie ou d’idolâtrie, et est aussi déconseillé à la consommation ce qui a été cuisiné avec colère ou par des gens méchants ou aux pratiques douteuses.
En conclusion, le corps n'appartient pas à l'homme et il lui sera demandé des comptes sur la façon dont il l'a utilisé, s'il l'a corrompu ou préservé.
- la juste proportion de nourriture
Un jour le Prophète Muhammad envoya une lettre au Roi d'Egypte qui s'est montré très reconnaissant en lui renvoyant un cadeau. Le cadeau fut un âne, un serviteur et un docteur. Sayyidina Muhammad les accepta et a dit : "Nous pouvons utiliser le serviteur comme aide car nous avons tant d'invités chaque jour. L'âne aussi nous sera très utile pour nous aider à transporter nos lourdes charges. Mais nous n'avons pas besoin de docteur." Cependant le Docteur insista qu'on lui avait ordonné de le servir, et le Prophète lui dit qu'il pourrait rester aussi longtemps qu'il le désirerait.
Le docteur resta un an, ensuite il demanda la permission de partir. Seyyidina Muhammad lui en demanda la raison et le docteur lui répondit que depuis un an pas une personne ne s'était plainte au sujet d’une quelconque maladie, pas même d'un mal de tête, de dents, d'estomac.
Le Saint Prophète répondit : -"Nous ne sommes jamais malades parce que jamais nous ne mangeons jamais avant d’avoir faim, ni ne mangeons trop, et nous laissons toujours une partie de notre estomac vide. " Oui, lui répondit le docteur, de cette façon jamais vous ne serez malades!
Le Prophète a dit « Jamais le fils d’Adam n’a rempli un pire récipient que son ventre. Pourtant quelques bouchées suffisent au fils d’Adam pour se maintenir. S’il ne peut en être autrement, qu’il réserve un tiers pour sa nourriture, un tiers pour sa boisson et un tiers pour sa respiration. »
Il a dit aussi : « Le croyant ne mange qu'avec un seul intestin tandis que l’impie mange avec 7 intestins »
- Une vie équilibrée comporte des activités sportives et des loisirs conviviaux :
Le Prophète a dit : « Toute action faite sans avoir Dieu à l’esprit est soit une distraction, soit de l’insouciance, à l’exception de quatre actes : marcher d’une cible à l’autre (lors de la pratique du tir à l’arc), s’entraîner à cheval, jouer avec sa famille et apprendre à nager. »[Tabarani]
Aisha, l’épouse du Prophète , fait mention de leur amour pour les jeux sportifs. Elle dit : « J’ai fait la course avec le Prophète et je l’ai battu. Mais plus tard, alors que j’avais pris du poids, nous avons à nouveau fait la course et j’ai perdu. Il me dit alors : « Nous sommes quittes ».[Boukhari]
- la diète et le jeûne
Le Prophète a dit : " L'estomac est la chambre de la maladie " et a conseillé la diète prolongée pour permettre à l'estomac d'évacuer la maladie.
Quant au jeûne, il fortifie l'organisme. Le Prophète (Salla Allah 'alayhi wa Salam) a dit : « Jeûnez, vous acquerrez la santé ! »
[modifier] Les méthodes de guérison utilisées par le Prophète
Elles étaient de plusieurs natures : guérison spirituelle par le Coran, magnétisme et invocations, tabarruk, ventouses et prescriptions d'aliments spécifiques.
- Le Coran : En effet Dieu dit dans le Coran sourate 17 (le voyage nocturne) verset 82 « nous avons fait descendre du Coran guérison et miséricorde pour les croyants ». Ainsi, en accord avec la tradition prophétique, certains versets sont-ils utilisés contre les désordres psychiques, les problèmes de fertilité, les brulures, la peur, pour la facilitation de l'accouchement etc.
- Les invocations avec magnétisme sont également utilisées par le Prophète qui a dit : « Il est permis de recourir à des formules incantatoires exemptes d’hérésie » [Muslim] Le Prophète a conseillé un homme malade de dire, en posant sa main sur l’endroit dont il souffrait : « Bismillah » ( au nom de Dieu) 7 fois puis « Dieu protège moi contre ce que je ressens » et de craindre Dieu. Le Prophète lorsqu’une de ses épouses était malade, lui passait la main sur le corps en invoquant Dieu ainsi : O Seigneur ; Dieu des humains ! Guéris car Toi tu es le guérisseur. Point de guérison en dehors de ta guérison. Ta guérison ne laisse pas de trace. [Rapporté par Boukhari selon Aïcha].
- Le tabarruk : voir à ce sujet le Tabarruk par le Prophète . le Prophète utilisait aussi le Tabarruk par l'eau de Zemzem et par l'eau du woudou des musulmans.
- Les ventouses constituent un moyen de traitement très important. Or on sait aujourd'hui que non seulement cette technique dynamise le système immunitaire dans son ensemble mais en plus, l'aspiration provoquée par les ventouses entraîne un afflux sanguin qui libère des endorphines, les neurotransmetteurs antidouleur de l'organisme.
- Les prescriptions alimentaires : Le miel, le vinaigre de cidre, la graine de nigelle, le citron, l'huile d'olive, les dattes, les amandes, l'oignon et l'ail sont quelques uns des plus célèbres remèdes proposés par le Prophète .
[modifier] Le suivi psychologique et spirituel du malade
Le Prophète rendait visite aux malades et il encourageait cette visite comme étant assistée des prières de 70.000 anges [Tirmidhi] et remplie de bénédictions. Il conseillait que ces visites soient courtes, gaies, et réconfortantes pour le malade et que l'on continue à prendre régulièrement des nouvelles.On sait aujourd'hui que la présence de proches affectueux auprès du malade va aider à sa guérison, tandis que son abandon va conduire à sa décrépitude. C'est pourquoi la visite à son frère malade est un des devoirs du musulman et un droit du malade.
Le Prophète invitait les malades à la patience et faisait des invocations pour eux. Il offrait aussi aux membres de la famille privée momentanément d'un père nourricier de quoi subvenir à leurs besoins.
A ceux qui craignaient la perte du bénéfice de leur pratique religieuse usuelle, il rassurait : "Lorsque le serviteur est malade ou en voyage, les bonnes actions qu'il accomplissait en étant en bonne santé et chez lui, lui sont écrites" [Boukhari] puis il enseignait que s'acquitter de la prière reste obligatoire mais que le malade peut la faire dans une position qui convient à son état.
Il est remarquable de constater que le Prophète a mis en valeur l'immense grâce divine qui touche un malade musulman patient quand il a dit : « Lorsque tu visites un malade demande lui de t'invoquer Allah, ses invocations ressemblent à celles des anges »[Ibn Maja d'après 'Omar]. Ce qui signifie qu'il a atteint un tel niveau de purification par sa maladie que ses invocations sont acceptées.
Quand la maladie durait, le Prophète disait que les grandes récompenses vont aux grandes épreuves cependant il donnait toujours un espoir de guérison même dans les cas les plus désespérés.
A certaines personnes qui lui ont demandé de retirer leur mal, il a proposé de le supporter mais de gagner en échange le paradis, ce qu'elles ont accepté.