Être humain comme vous

Un article de Mohammedia.

Au Nom d'Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

Le Coran a clarifié les sages raisons pour lesquelles le Prophète qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix a été un homme, non un Ange : cela revient au fait que l’humanité a besoin d’un individu auprès duquel il lui sera aisé de s’instruire et derrière lequel il lui sera aisé de cheminer. « Dis : "Gloire à mon Seigneur ! Ne suis-je qu’un être humain Messager ?" Et rien n’empêcha les gens de croire, quand le guide leur est parvenu, si ce n’est qu’ils disaient : "Dieu envoie-t-Il un être humain Messager ?" Dis : "S’il y avait sur terre des Anges marchant tranquillement, Nous aurions certes fait descendre sur eux du ciel un Ange Messager". »


Dans ce verset, "Dis : « Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique !" [18:110], il est clair que la différence entre lui qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix et les autres être humains est qu'il est le récéptacle de la révélation divine, un récéptacle pur et lumineux. La tradition le désigne même comme le réceptacle par excellence, le miroir pur dans lequel se reflètent à la perfection les attributs divins; de ce fait Mohammed qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix n'est qu'un être humain, il est vrai, mais il est l'être humain parfait dans sa fonction complète de lieutenance et de révélation de la grâce divine.


[modifier] le Prophète a revendiqué une condition humaine

Le Prophète qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix a dit : "Ô les gens ! Certes, je ne suis qu'un homme; bientôt, l'envoyé de mon Seigneur va venir auprès de moi et je vais répondre favorablement à son invitation (…)" (Ahmad)

Il a dit aussi : "Je ne suis qu'un être humain, et vous venez me porter vos litiges. Il arrive que l'un d'entre vous soit plus habile à présenter ses arguments, et je tranche donc alors en sa faveur, selon ce que j'ai entendu. Si j'accorde ainsi à une personne ce qui revient en fait, de droit, à son frère, cette personne ne doit pas le prendre : car en fait je ne tranche alors pour lui qu'à propos d'une partie de l'Enfer" (rapporté par al-Bukhârî, Muslim, etc.).

Une autre fois, il a dit : « Certes, je ne suis qu'un être humain comme vous ; j'oublie comme vous oubliez. Et s’il m'arrive d'oublier alors faites-le moi savoir. » (Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim). Il s'agit là d'oublis mineurs ou bien, comme cela a été prouvé dans les hadiths, d'oublis à visée pédagogique comme celui d'oublier une rak'at dans la prière afin d'enseigner aux hommes comment corriger sa prière en cas d'oubli.

1. Cependant son humanité n'entache en rien son infaillibilité ni son impécatibilité, étant donné qu'il était protégé par Allah de toute défaillance, même avant la prophétie.

Le fait de n'être qu'un être humain a surtout un but pédagogique:

  • le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui doit être imité. Il faut donc qu'il n'y ait rien d'inaccessible, de surnaturel dans son enseignement de façon à pouvoir être suivi par tous. Il est l'exemple-même (al qudwa al hassana) qui doit être suivi sans recours à des faveurs spéciales.

"Dis : "Je ne suis pas maître, pour moi-même, d'un profit ou d'un dommage, sauf ce que Dieu veut. Si je savais ce qui est caché, je chercherais le bien en abondance et aucun dommage ne me toucherait. Je ne suis qu'un avertisseur et un annonciateur pour des gens qui croient" (7/188).

Un exemple à ce sujet est son comportement envers l'argent. Le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui vivait de telles privations de nourriture qu'il pleurait de douleur, selon Aïcha. Il n'a pas utilisé les privilèges qui lui ont pourtant été donnés pour obtenir sa subsistance, à part quelques cas extrêmes où il faisait bénéficier alors tous les gens présents des dons miraculeux qui pleuvaient sur lui. Quelles qu'aient été les sommes qu'il recevait, il s'empressait de les redistribuer.

  • le fait qu'il soit prophète ne doit pas pousser les gens à être extravagants ni arrogants, à exiger des prédictions et des faits surnaturels.

"Dis [ô Muhammad] : "Je ne vous dis pas que j'ai auprès de moi les trésors de Dieu, ni que je connais ce qui est caché. Je ne fais que suivre ce qui m'a été révélé" (6/50). "Dis : "Si j'avais auprès de moi ce que vous voulez hâter, l'affaire serait réglée entre moi et vous. C'est Dieu qui connaît, Lui, les injustes. Et c'est auprès de Lui que se trouvent les clés de ce qui est caché. Ne les connaît que Lui" (6/58-59).

  • il convient aussi d'enseigner la modestie en rejetant tout ce qui pourrait s'apparenter à de la vantardise. Ainsi le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui prenait-il soin de ne pas se mettre en valeur devant les autres prophètes (et il interdisait à ses compagnons de le faire) et quand il le faisait pour expliquer sa mission et ses prérogatives, il rajoutait "et je dis cela sans orgueil". Il nous a en effet enseigné que celui qui possède ne serait-ce qu'un atome d'orgueil ne rentrerait pas au paradis.
  • dire "j'oublie, alors faites moi savoir" est aussi une recommandation pour que les croyants n'aient pas d'appréhension à rectifier leur imam, leur juge, leur chef s'il venait à oublier ou se tromper, et de lever ainsi toute inhibition.
  • Sa parole : "Je ne suis qu'un être humain, et vous venez me porter vos litiges. Il arrive que l'un d'entre vous soit plus habile à présenter ses arguments, et je tranche donc alors en sa faveur, selon ce que j'ai entendu. Si j'accorde ainsi à une personne ce qui revient en fait, de droit, à son frère, cette personne ne doit pas le prendre : car en fait je ne tranche alors pour lui qu'à propos d'une partie de l'Enfer" vise surtout à faire prendre conscience à chacun de sa responsabilité dans sa présentation des choses. Il s'agit en cas de litige d'inciter chaque partie à être honnête et scrupuleuse.
  • Le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui est aussi le modèle du juge et du chef, et il ne doit donc pas faire intervenir la révélation dans les litiges de façon à pouvoir être imité par les juges. Il expose ici les limites des juges : juger selon ce qu'ils ont entendu.

Un exemple à ce sujet est son attitude envers les hypocrites. Il savait parfaitement qui ils étaient mais il a dit à leur sujet : "j'ai été ordonné de me baser sur ce qui apparait" pour le jugement, comme tout être humain et de façon à prévenir tout abus par la suite. Il n'empêche qu'il était prévenu par révélation des mauvaises intentions qu'ils avaient à son égard et s'en protégeait.

2. Aussi le fait de revendiquer des limites humaines ne veut pas dire qu'il n'a pas reçu des faveurs inouies de la part de Son Seigneur. C'est là un point généralement incompris. Il est celui qui a été le plus privilégié de toute la création mais cependant cela ne l'a pas empêché de ne se considérer que comme un simple serviteur. Ces faveurs sont de deux sortes, soit des aides à sa mission, soit liées à la dignité de son rang auprès d'Allah. Il n'a pas utilisé ces faveurs pour être orgueilleux ou injuste comme n'importe qui d'autre l'aurait fait.

Inversement, le fait qu'il ait reçu des faveurs n'autorise donc pas le croyant à se dédouaner d'avoir à suivre son exemple en disant "c'était le Prophète, il était spécial".

3. Le fait de revendiquer des limites humaines n'empêche pas non plus qu'il mérite nos éloges,et en même temps l'affirmation de cette humanité vise à empêcher tout dérapage dans le domaine de la croyance, comme ce fut le cas pour les chrétiens vis-à vis de Jésus, sur lui la paix.

Faire l'Eloge du Bien-Aimé que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui est un devoir qui répond à un ordre divin de considérer le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui avec le plus grand respect et la plus grande joie:

«Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu'Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite. Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu'ils fussent auparavant dans un égarement évident. » (3:164)

«De la faveur d’Allah et de Sa miséricorde qu'ils se réjouissent donc! » (10:58)

Le Coran en lui-même renferme l'Eloge du Bien-Aimé que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui et les hadiths aussi nous informent au sujet des faveurs que Allah lui a octroyées, relater les versets et les hadiths qui participent de cet éloge est donc obligatoire et les ignorer sous prétexte que "le Prophète que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui n'est qu'un être humain" est purement blasphématoire, qu'Allah nous en préserve.