Sociabilité du Prophète

Un article de Mohammedia.

Al-Hassan rapporte : J’ai dit à mon père (saydunna 'Ali) : Décris-moi la façon de s’exprimer du Prophète qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix. Il m’a dit:

"L Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix était constamment triste et absorbé par la réflexion et la méditation sans connaître le moindre répit. Il ne parlait que par nécessité et gardait longuement le silence.

Il commençait et terminait ses phrases en usant de paroles globales et tranchantes, sans affectation ni insuffisance. Affable, il n’était ni grossier, ni offensant. Il estimait le bienfait même s’il était minime et ne discréditait rien. Il ne blâmait, ni ne louait aucun goût. Rien ne pouvait faire face à sa colère lorsqu’il était question de droit et de vérité jusqu’à ce qu’il les fasse triompher. Il ne s’emportait pas pour lui-même et ne cherchait pas à obtenir gain de cause. Lorsqu’il faisait un signe, son geste était complet.

Lorsqu’il s’étonnait, il retournait sa main et lorsqu’il pariait, il touchait sa paume gauche avec son pouce droit. Lorsqu’il se mettait en colère, il tournait le visage et lorsqu’il se réjouissait, il baissait le regard. Son rire était essentiellement un sourire qui dégageait des dents éclatantes comme les grains blanchâtres des nuages."

Al-Hassan ajouta: J’ai gardé cela un moment, puis j’en ai parlé à mon frère al-Hussein Ibn ‘Alî et j’ai constaté qu’il m’avait devancé à ce sujet. En effet, il avait interrogé son père sur les entrées de l’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix, ses sorties, ses séances et son physique. Son père lui en avait tout dit. Al-Hussein a donc rapporté ceci: J’ai interrogé mon père(l'imam 'Ali )sur les entrées de l’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix et il m’a répondu en ces termes:

"Ses entrées chez lui s’effectuaient par autorisation divine. Lorsqu’il se retirait dans sa maison, il répartissait son temps en trois parts: Une part pour Dieu, une part pour ses épouses et une part pour lui-même. Ensuite, il divisait sa propre part entre lui-même et ses rapports avec les gens, en s’occupant des gens du commun grâce aux services des gens de l’élite et en n’économisant rien à leur détriment.

Sa gestion de la part du temps réservé à la communauté consistait, entre autres, à accorder ses préférences aux gens selon le degré de leur mérite en matière de religion, car certains avaient un seul besoin à satisfaire et d’autres en avaient deux ou plusieurs. Il s’occupait d’eux et les occupait à servir leurs intérêts et ceux de la communauté en s’enquérant d’eux et en les informant de leurs devoirs. Il disait a ce propos:

"Que ceux d’entre vous qui sont présents informent ceux qui sont absents. Transmettez les besoins de celui qui ne peut pas me les transmettre. Car celui qui transmet aux dépositaires du pouvoir les besoins de celui qui ne peut pas les transmettre, Dieu le soutiendra au Jour de la Résurrection."

Al-Hussein ajouta: Informe moi de ses agissements dans les rapports publics. Il m’a dit:

"L’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix gardait sa langue, sauf pour tout ce qui était dans les intérêts des membres de sa communauté, pour les rapprocher et éviter de les diviser. Il honorait les hommes généreux de chaque groupe, leur confiait les responsabilités, mettait les gens en garde, restait vigilant à leur égard sans cacher sa bonté et son bon caractère, de crainte que les membres de sa communauté ne deviennent insouciants ou ne soient touchés par la lassitude.

Il s’occupait de ses Compagnons, confirmait ce qui est bon et l’améliorait, blâmait ce qui est mauvais et le rabaissait, recherchait l’équilibre dans la gestion des affaires en évitant les désaccords et les contradictions. Il affrontait chaque situation avec les armes appropriées sans se départir de la vérité ou la contourner. Ceux qui le représentaient parmi les gens sont ceux qui étaient les meilleurs, et les meilleurs d’entre eux auprès de lui sont ceux qui prodiguaient le plus de conseils aux gens.

Enfin, ceux qui jouissaient de la plus grande place auprès de lui étaient les plus compatissants et attentifs aux autres"

Al-Hussein ajouta encore: Je l’ai alors interrogé sur les séances qu’il tenait et ce qu’il y faisait. Il m’a répondu par ceci:

"L’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix ne s’asseyait et ne se levait au cours des séances qu’il tenait qu’après avoir mentionné Dieu. Il ne choisissait pas une place particulière. Lorsqu’il rejoignait des gens déjà assis, il se mettait là où il y avait de la place et il ordonnait qu’on fasse de même.

Il accordait à celui qui s’asseyait avec lui la place qui lui convenait, au point qu’il croyait être le seul individu honoré de la sorte. Avec celui qui s’asseyait auprès de lui ou le fréquentait pour avoir quelque chose, il se montrait patient jusqu’à ce qu’il s’en aille le premier. A celui qui lui demandait quelque chose, il ne le renvoyait qu’après l’avoir satisfait ou lui avoir répondu par des propos agréables.

Supportant les gens grâce à sa tolérance et à son bon caractère, il semblait pour eux comme un père, car ils étaient pour lui égaux en droit, proches et ne se distinguant que par le degré de la crainte révérencielle."

Al-Hussein ajouta aussi: Je l’ai alors interrogé sur son attitude envers ses interlocuteurs. Il m’a répondu par ceci:

"L’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix était constamment souriant et affable, de caractère docile, agréable à fréquenter, sans être grossier, vulgaire, obscène, criard, diffamateur ou flatteur. Il fermait les yeux sur ce qu’il n’aimait pas et ne faisait pas désespérer ceux qui cherchaient conseil à ses côtés.

Il a évité trois choses: la duplicité, le fait de multiplier les paroles et le fait de s’occuper de ce qui ne le concernait pas. Il s’était départi de trois choses à l’égard des gens: Il ne blâmait et ne raillait personne, ne scrutait pas les défaillances et ne parlait qu’en vue du bien et de la récompense future. Lorsqu’il se mettait à parler, ceux qui formaient son auditoire baissaient la tête et restaient immobiles et silencieux. Ils ne prenaient la parole que lorsqu’il gardait le silence, sans se disputer en sa présence. Ils écoutaient attentivement jusqu’à la fin celui qui parlait en sa présence.

Leur conversation gardait l’empreinte de celui qui l’a commencée. II riait de ce qui les faisait rire et s’étonnait de ce qui provoquait leur étonnement.

Il patientait devant l’hostilité du ton de l’étranger et disait: Lorsque vous voyez celui qui recherche son argument, soutenez-le. Il ne recherchait le compliment que de Celui qui récompense et ne coupait la parole à personne jusqu’à ce qu’il estime son discours achevé, soit en cessant de parler, soit en se levant."

Ici se termine le hadîth que rapporte Sufyan Ibn Waki’.



Dans une autre version al-Hussein ajoute ceci: Je l’ai interrogé sur le silence de l’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix et il m’a dit ceci:

"Il gardait le silence en vertu de quatre choses: par mansuétude, par vigilance, par considération et par réflexion. S’agissant de sa considération, elle portait sur la justesse de l’examen et l’écoute des gens.

Quant à sa réflexion, elle portait sur ce qui est contingent et ce qui est impérissable.

La mansuétude a été concentrée pour lui dans la patience. Ainsi, aucune chose qui le provoquait n’arrivait à déclencher sa colère. De même, la vigilance a été réduite pour lui dans quatre choses:

Son adoption de ce qui est bon pour qu’on se conforme à lui, son abandon de ce qui est mauvais et laid pour qu’on cesse de le faire, le recours à l’opinion pour tout ce qui améliore sa Communauté et le fait de s’occuper d’elle pour tout ce qui porte sur les affaires du bas monde et de la vie future."


Anas disait:

"Jamais l’Envoyé de Dieu qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix n’a éloigné son oreille de quelqu’un qui lui parlait, tant que celui-ci n’éloignait pas sa tête. Jamais il n’a retiré sa main de celle de l’homme qui la lui tenait, tant que celui-ci ne la retirait pas en premier et on ne l’a jamais vu allonger ses jambes devant un homme assis en face de lui ou au milieu de ses Compagnons pour ne gêner personne. Il commençait le premier par saluer celui qu’il croisait et tendait le premier sa main pour saluer ses Compagnons, car il y a plus de mérite en cela.Il honorait celui qui accédait auprès de lui et il lui arrivait même de déployer son habit pour qu’il y prenne place, de lui donner son oreiller personnel sur lequel il s’adossait et de l’inviter avec insistance à l’utiliser s’il refusait. Il appelait ses Compagnons par les noms qui leurs étaient les plus agréables, pour les honorer."

L’on connaît encore ceci sur sa façon de discuter: Il ne coupait pas la parole de son interlocuteur tant qu’il estimait que celui-ci n’avait pas fini de s’exprimer. Puis, lorsqu’il considérait la discussion comme achevée, il y mettait un terme par un signe ou un geste, comme le fait de se lever.

On rapporte également que si un homme venait s’asseoir près de lui pour lui demander quelque chose pendant qu’il priait, le Prophète qu'Allah répande sur lui la grâce et la paix abrégeait sa prière pour s’occuper de lui, puis en ajoutait une autre après son départ. Et on sait qu’il a abrégé la prière en commun en entendant les cris d’un petit enfant.